De l’éthanol par le fluvial à Gennevilliers

Le terminal de la SOGEPP (Société de Gestion de Produits Pétroliers), dans le port de Gennevilliers, devient le premier dépôt de stockage francilien à investir dans une logistique fluviale pour des flux de produits énergétiques biosourcés, en l’occurrence de l’éthanol.

Une barge transportant de l’éthanol, opérée par l’armateur fluvial SOGESTRAN, a été déchargée, vendredi 17 février 2023, sur le terminal fluvial du dépôt SOGEPP dans le port de Gennevilliers. L’unité fluviale a livré de l’éthanol transbordé en bord à bord au Havre depuis un navire maritime.

Une chaîne logistique dédiée aux biocarburants monte en puissance à l’échelle de l’axe Seine. De nouveaux flux opérés par la SOGEPP (Société de Gestion de Produits Pétroliers) font appel à la multimodalité comme solution compétitive et décarbonée pour l’acheminement des produits énergétiques, jusqu’alors majoritairement transportés par la route. Le développement de l’éthanol, également appelé alcool éthylique, s’accompagne de fortes attentes dans sa contribution à la décarbonation des activités industrielles et de transport.

La société SOGEPP exploite un dépôt de stockage de produits énergétiques liquides, implanté sur 6 ha dans la zone portuaire de Gennevilliers. L’entreprise représente un maillon important de la chaîne francilienne de distribution de carburants et combustibles. Elle dessert principalement les stations services d’Ile-de-France mais aussi des régions limitrophes. Le site de SOGEPP à Gennevilliers est le premier dépôt francilien à investir dans une logistique fluviale pour assurer le développement des produits énergétiques liquides biosourcés et durables. Cette orientation stratégique participe pleinement à la transition énergétique initiée sur l’ensemble de l’axe Seine.

Un ouvrage de transbordement livré par HAROPA PORT

SOGEPP a sollicité HAROPA PORT afin de relancer un trafic fluvial depuis et vers ses installations gennevilloises. L’ambition est de développer les flux entre les ports maritimes normands et la région parisienne. Les produits pétroliers qui ne peuvent transiter par oléoducs (éthanols, diester…) sont appelés à être transportés par le fleuve. La direction territoriale de Paris a proposé à la société de construire un ouvrage de transbordement fluvial permettant de concrétiser les trafics visés.

L’ouvrage a été livré par HAROPA PORT en juin 2022. La fin d’année 2022 a permis à SOGEPP d’obtenir ses autorisations réglementaires et d’équiper le quai d’un équipement de transbordement pour décharger ou charger les produits énergétiques liquides. L’autorisation d’exploiter l’estacade et la mise en service de réservoirs pour le stockage massif d’éthanol ont été obtenues en novembre 2022 lors de la fin des travaux des équipements pétroliers.

Avec ce projet, l’entreprise SOGEPP s’inscrit dans une démarche vertueuse sur deux axes. Le premier axe vise la réduction de l’empreinte carbone des approvisionnements du dépôt de Gennevilliers. Le deuxième axe concerne le développement de nouveaux produits énergétiques biosourcés, comme le HVO (Hydrotreated Vegetable Oil). Il s’agit d’un gazole paraffinique de synthèse, certifié durable car obtenu à partir d’huiles végétales ou de déchets ménagers (graisses, animales, huiles de cuisson, huiles résiduelles…). La SOGEPP souhaite également développer le B100, un biocarburant composé à 100 % d’esters méthyliques d’acides gras.

Le développement de nouveaux flux

Ce projet de logistique fluviale a fait l’objet d’une aide au financement de Voies navigables de France pour la modernisation des outils de déchargement. Un soutien apporté dans le cadre du Plan d’aide au report modal, lui-même cofinancé par la Région Ile-de-France. La maîtrise d’ouvrage des infrastructures fluviales a été confiée à HAROPA PORT. L’établissement portuaire a porté le financement de 1,1 M€ pour la réalisation de l’appontement et de 2,65 M€ avec l’aménagement des berges situées à proximité du quai. Les superstructures liées à l’exploitation de l’appontement demeurent à la charge de SOGEPP, assistée des équipes de Raffinerie du Midi pour l’ingénierie et la partie administrative.

En fin d’année 2022, l’accostage du « Thierry M », un automoteur de CFT/SOGESTRAN, a permis de valider le placement et les connectiques du quai. Ensuite, le dépôt SOGEPP a reçu sa première barge d’éthanol le lundi 16 janvier dernier. Depuis cette date, les escales se suivent de manière régulière.

Les perspectives de croissance de l’éthanol en Ile-de-France sont a priori importantes. Notamment en raison d’un effet de rattrapage de cette région, en retard sur cette énergie comparativement à d’autres régions. Les prévisions de SOGEPP s’accompagnent d’une possibilité de capter de nouveaux flux pour ce produit – en substitution de flux aujourd’hui routiers – de certains opérateurs depuis les ports du Nord de l’Europe. SOGEPP entend se positionner dans un rôle de concentrateur de ces flux pour la région parisienne avec 12 000 tonnes visées cette année et un total de 20 000 tonnes de trafic dans les prochaines années. A terme, l’entreprise proposera une offre de bio-carburants qui pourrait également générer des flux estimés à quelque 18 000 tonnes par an. SOGEPP continue par ailleurs de travailler sur une solution de « fluvialisation » des flux de pétrole brut produits en Ile-de-France vers les raffineries normandes.