Lyon : bientôt des navettes fluviales sur la Saône
La Métropole de Lyon et le Sytral ont officialisé ce jeudi 2 février la création d’un service de transports en commun fluviaux sur la Saône d’ici 2025. L’objectif est de faire voyager 560 000 passagers par an.
Évoquée depuis une vingtaine d’années par les différents exécutifs et les candidats aux élections lyonnaises, la création d’un service de transports en commun fluviaux sur la Saône verra enfin le jour, d’ici 2025. Le Sytral, l’autorité organisatrice des transports en commun lyonnais, travaille sur le sujet depuis plusieurs mois. En réalité le dossier serait même dans les cartons des écologistes depuis leur arrivée à la tête de la Métropole et de la Ville de Lyon.
Ce qui pourrait surprendre plus d’un observateur alors que le projet n’apparaissait pas au plan de mandat de l’exécutif. Tout simplement, car il y a deux ans la vitesse autorisée sur la Saône par Voies navigables de France (VNF), 12 km/h, apparaissait comme un frein au développement d’un service de transports en commun. « On sait aujourd’hui que sur les lignes droites on pourra monter jusqu’à 20 km/h », précise Bruno Bernard, le président du Sytral, dont les équipes ont travaillé avec VNF pour obtenir cette nouvelle réglementation. Changeant ainsi la donne.
Deux bateaux en 2025
Le service fonctionnerait de 7 à 21 heures, pour relier le quartier de l’industrie à Vaise, à l’église Saint-Nizier, sur le quai Saint-Antoine, en passant par le quai Saint-Vincent avec « une fréquence cible de 15 minutes en heure de pointe ».
L’objectif du Sytral, dans un premier temps est de mettre en service au printemps 2025 deux bateaux, moyennant un investissement de 3 millions d’euros par navette, puis d’en ajouter deux autres en 2026, pour un coût total de 12 millions d’euros. Le projet disposant d’une enveloppe globale de 26 millions d’euros, quatre autres bateaux pourraient être rajoutés en fonction des besoins.
À cela s’ajoutera un investissement de 2 millions d’euros pour aménager les 3 haltes citées ci-dessus, auxquelles sera ajoutée une 4e au niveau de Confluence. Toutefois, pour commencer, l’arrêt de Confluence ne sera desservi que de manière ponctuelle. En moyenne, le coût de fonctionnement annuel du service devrait être de l’ordre de 2 millions d’euros.
« L’objectif est d’offrir aux habitants une nouvelle solution de mobilité attrayante et respectueuse de l’environnement, totalement intégrée au réseau TCL alliant qualité de service et plaisir de naviguer », a déclaré Bruno Bernard, président de la Métropole de Lyon et de Sytral Mobilités.
Également présent lors de cette annonce, le maire de Lyon Grégory Doucet se dit « ravi ». « Cela permet aux Lyonnais de retisser des liens forts avec leurs cours d’eau », a-t-il indiqué. Pour le maire de Lyon, ce nouveau moyen de transport vient « compléter le panorama » des différents projets que la mairie a instauré avec ses deux fleuves. Grégory Doucet fait référence au festival Entre Rhône et Saône ou encore sa volonté « d’intensifier l’activité économique » du port Edouard Herriot.
Présenté au vote des élus du Sytral, le projet a fait l’unanimité, suscitant toutefois quelques interrogations notamment sur son exploitation lors des périodes de crues. Une problématique prise en compte assure Jean-Charles Kohlhass, le vice-président du Sytral : « il y a quelques jours par an où la navigation n’est pas possible en raison des crues, mais les crues montent plus lentement sur la Saône et on le sait à l’avance, donc on pourra proposer une alternative ».
Un marqueur pour les écologistes
À ce stade, le Sytral ambitionne de faire voyager 560 000 voyageurs par an sur ce nouveau service, soit environ 1 500 voyageurs par jour, sachant que chaque navette devrait pouvoir transporter 70 à 90 voyageurs. Intégrées au réseau de transports en commun lyonnais, ces navettes seront accessibles avec un abonnement TCL et grâce à un ticket unique, dont le prix pourrait toutefois être plus onéreux que celui des métros, bus et tramways. D’après le président du Sytral et de la Métropole de Lyon, la tarification ne serait pas encore complètement arrêtée.
Même si certains élus du Sytral auraient souhaité voir le service géré par une régie publique, l’exécutif a fait le choix de recourir à une délégation de service public (DSP). « Le Sytral n’a jamais fait de transport fluvial, nous allons donc voir comment cela fonctionne en s’adressant à des entreprises qui connaissent cela », justifie Jean-Charles Kohlhass. Un candidat en service à Bordeaux et originaire de Lyon aurait d’ailleurs déjà manifesté son intérêt pour le projet. Néanmoins, l’appel d’offres s’annonce assez ouvert, l’exploitant du Vaporetto, la navette de tourisme fluvial actuellement en activité sur la Saône ayant même été invité à candidater. Le gagnant de l’appel d’offres devra notamment faire construire les navettes électriques avec du thermique en secours, qui, au bout de huit ans, redeviendront au Sytral, ce dernier finançant leur construction.
Bruno Bernard ne ferme pas la porte à développer potentiellement le même système de transport sur le Rhône. Mais cela dépendra du succès, ou non, de ce projet-test sur la Saône.