Réforme des qualifications professionnelles, E2F appelle le Ministre à revoir les modalités d’application
Courant mai, Entreprises fluviale de France à interpellé M. Clément BEAUNE, Ministre délégué chargé des Transports, sur la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur de la navigation intérieure ainsi que sur les conséquences délétères de la réforme des qualifications professionnelle. Vous trouverez le courrier ci-dessous.
Le phénomène de pénurie de la main d’œuvre embarquée frappe le secteur de la navigation intérieure avec acuité depuis la sortie de la crise sanitaire.
Aucun marché ni aucun bassin de navigation ne sont aujourd’hui épargnés par cette situation dont les entreprises constatent chaque jour l’aggravation, dans le fret comme dans le passager, chez les armateurs comme chez les artisans, à Paris comme en Région.
Les difficultés de recrutement et la rotation accélérée du personnel constituent aujourd’hui un obstacle à la bonne exploitation des services de navigation et un frein au développement de l’activité.
Les causes de cette situation sont multiples et pour certaines anciennes puisqu’elles résultent d’un effet de ciseau entre la fuite de personnel, le gel des recrutements et de la formation pendant la crise sanitaire et la reprise brutale de l’activité qui s’en est suivie.
Le défaut d’attractivité du secteur lié à des aspirations sociales nouvelles des salariés freinent la capacité de réponse des entreprises face à cette dérive.
De fait, les pratiques de débauchage de personnel n’ont jamais été aussi sauvages.
Nous avons bien conscience que ce phénomène s’apparente à celui observé dans de nombreux secteurs du transport et des services qui appelle en premier lieu une réponse interprofessionnelle forte, évidemment prioritaire pour notre Fédération, et qu’elle conduit avec vigueur.
En revanche, le secteur de la navigation connaît une particularité qui achève aujourd’hui de bloquer le marché du travail avec la réforme des qualifications professionnelles entrée en vigueur le 14 mai 2022, par la transposition de la directive 2017/2397 du 12 décembre 2017 relative à la reconnaissance des qualifications professionnelles dans le domaine de la navigation intérieure.
Ces textes, par un effet d’alignement des compétences requises sur celles du régime Rhénan, dont on peut à l’occasion se demander la réelle plus-value, fixent des conditions de passage des examens, notamment de pilote, qui allongent considérablement les temps de formation préalable. Il en résulte, dans un premier temps une inertie incompatible avec les besoins immédiats du secteur et dans un second temps et de manière structurelle, une modification profonde de la gestion RH notamment, mais pas seulement, pour les activités saisonnières et la remise en cause de leur modèle.
A l’approche des jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, nous n’hésitons pas à qualifier cette situation d’explosive. Nous jugeons aujourd’hui que la réforme des qualifications professionnelles en navigation intérieure constitue une barrière à l’entrée dans la Profession qui met en péril entreprises et projets à une période clé pour leur avenir, et qu’il est par conséquent indispensable d’en revoir les modalités d’application afin de desserrer le niveau de contrainte qui pèse sur notre secteur.