Sloww : l’avenir du tourisme fluvial se dessine à Arles
Le salon Sloww ! a eu lieu à Arles les 8 et 9 novembre 2022. Un événement organisé par Voies navigables de France (VNF) tous les deux ans qui permet de réunir les acteurs du tourisme fluvial et fluvestre pour des rencontres et échanges sur les priorités actuelles et futures. C’est à bras ouverts que le maire Patrick de Carolis les a accueillis au Palais des congrès, « car cet événement fait écho au fait que nous ne voulons plus tourner le dos au Rhône, mais au contraire en faire un acteur incontournable de notre développement économique. » E2F était présent sur cet évènement sur le stand partenaires.
Ateliers thématiques et rendez-vous professionnels ont rythmé ces journées qui ont rassemblé l’ensemble des professionnels de l’écosystème touristique fluvial et fluvestre. A chaque édition se sont près de 3 000 rendez-vous d’affaires qui sont organisés pour permettre aux professionnels présents de développer leurs activités et leur réseau et de se créer de nouvelles opportunités. Pour faire de cette édition arlésienne une édition riche de partage d’expériences et de contacts, VNF a proposé, en plus des rendez-vous d’affaires, une dizaine d’ateliers thématiques, 5 éductours et une conférence plénière qui ont permis d’aborder les enjeux et les contributions de ce secteur, notamment en matière de tourisme durable.
« Les éditions précédentes étaient un peu trop régionales avec de nombreux opérateurs locaux. Cette fois, Arles a su accueillir de véritables rencontres nationales du tourisme fluvial. Une édition également conviviale tournée vers l’échange et le contact », retient Frédéric Aviérinos, président du collège passagers d’E2F. Il ajoute : « Malgré deux années de pandémie, le fluvial connaît un nouvel élan, c’est un moyen magnifique pour découvrir des territoires sous un prisme différent. La pandémie a eu pour effet d’inciter les Français à découvrir ou redécouvrir leur pays, les régions à travers des activités touristiques fluviales diversifiées et la dimension fluvestre, péniche-hôtel, paquebot, « petits » bateaux, vélo, kayak… »
Une forte dynamique territoriale
Le choix d’organiser cet événement à Arles a été motivé par le dynamisme du territoire, notamment en termes de croisières fluviales. Avec 24 paquebots fluviaux et 110 000 passagers (hors crise COVID), le bassin Rhône Saône est le premier itinéraire en France pour la croisière fluviale. De 90 à 135 mètres de long, les paquebots sont des hôtels flottants proposant des prestations de 3 à 4 étoiles. Ils accueillent en moyenne 150 passagers (de 50 à 190). La clientèle, plutôt sénior, est majoritairement européenne et américaine. Les croisières durent en moyenne une semaine sur la Saône et le Rhône, sur différents itinéraires entre Saint-Jean-de-Losne et Port-Saint-Louis-du-Rhône. Elles permettent de combiner navigation et découverte de territoires particulièrement riches d’un point de vue historique, paysager, culturel et gastronomique : la Bourgogne, le Beaujolais, la région lyonnaise, la vallée du Rhône, la Provence et la Camargue.
Les principales villes d’escale sont du Nord au Sud : Saint-Jean-de-Losne, Chalon-sur-Saône, Mâcon, Lyon, Vienne, Tournon, Viviers, Avignon, Arles et Port Saint Louis. Il existe 34 sites d’escale qui proposent un total de 74 emplacements en saison et 33 emplacements utilisables en hivernage.
Une saison 2022 en croissance
Concernant la saison 2022, Frédéric Aviérinos estime qu’elle « a été bonne, aux alentours de 12 à 13 millions de passagers dont 9 à 10 millions à Paris. La croissance est de l’ordre de 5 à 10 % par an ». Pour lui, « 2023 devrait être dans la lignée même si nous avons quelques inquiétudes car la reprise demeure encore fragile. La capacité des fleuves est loin d’être atteinte, le potentiel est important surtout si nous développons cette activité dans les territoires notamment à Bordeaux, Strasbourg, sur les lacs, les canaux et rivières. Nous pouvons parier sur une belle hausse ! »
Concernant de premières tendances pour cette année, selon VNF, « une croissance de +5 % de l’activité des paquebots fluviaux est attendue en 2022 par rapport à 2019 » (année de référence, avant la pandémie). « Sur la Seine, ce chiffre s’élève à +15 % en raison, pour partie, de reports de clientèles initialement positionnées sur le Rhin et le Danube, fortement affectés par la sécheresse ». L’établissement ajoute que « l’été 2022 a vu le retour des touristes étrangers, friands du réseau français, mais aussi la consolidation de la clientèle française acquise durant la crise sanitaire (près de 40% de Français à comparer à 30% avant la pandémie). »
Parmi les tables-rondes et ateliers organisés lors du salon, le dynamisme du segment des bateaux-promenades a été abordé même si, se déroulant en centre-ville, il peut parfois faire l’objet de critiques de la part de riverains et d’une vigilance des élus. Pour le responsable d’E2F : « Le tourisme de masse est un sujet d’actualité. Nous prônons un tourisme fluvial avec des bateaux de petite capacité. L’attente de la clientèle et le souhait des villes résident dans l’exploitation de bateaux écosensibles. »
Une pénurie de personnel dans le fluvial aussi
Autre thème abordé lors du salon : les difficultés de la filière fluviale pour attirer, former et fidéliser le personnel, de plus en plus une gageure pour les entreprises dans un contexte où le rapport de force s’est inversé au bénéfice des salariés. La pénurie de main d’œuvre sévit à terre et sur les fleuves.
« C’est du jamais vu à ce niveau ! Le nombre d’emplois non pourvus représente entre 5 et 10 % des effectifs de la navigation intérieure. Depuis la pandémie, nous assistons à une bascule. Nous n’avons pas recruté pendant deux ans et nous avons perdu énormément de personnel. Les salariés ont réorienté leur carrière vers d’autres filières. C’est à l’employeur de faire la meilleure offre possible aux candidats. La question de l’attractivité du secteur des transports se pose, tout comme dans les métiers de services« , détaille Didier Léandri, président délégué général d’E2F.
Depuis la pandémie, le travail serait relégué au second plan, derrière la vie personnelle. Il ne serait plus question de sacrifier soirs et week-end ni d’être éloigné de chez soi.
« Notre activité touristique nécessite un investissement important durant la saison et de travailler le samedi. Nous avons déployé, depuis un an, un plan d’actions et mis en place un centre de formation au siège social de l’entreprise en Saône-et-Loire pour intégrer les jeunes dès l’obtention de leur bac pro « maintenance nautique ». Cette formation, de plusieurs mois, porte sur la mécanique, le travail de la coque et la menuiserie », explique Xavier Defrenne, directeur général adjoint des Canalous.
L’entreprise de construction et de location de bateaux de plaisance a noué des partenariats avec les lycées professionnels et favorise les parcours d’intégration et promeut le tutorat.
Toutefois, une fois le personnel formé, il faut savoir le retenir. « Seulement 20 % des personnes restent dans le métier », déplore Yannick Paturel, directeur d’Agis, qui chaque mois édite 2 000 bulletins de salaire pour le compte des compagnies fluviales étrangères qu’il représente.
Le fluvial en France représente près de 9 000 emplois directs dont plus de 6 000 dans le secteur du tourisme. Des emplois occupés dans la navigation, les postes techniques, la restauration et l’hôtellerie.