Toulouse – Ils ont testé le transport de colis et de marchandises sur le canal du Midi
Le canal du Midi irrigue le centre-ville de Toulouse, alors pourquoi ne pas en faire une voie de transport à part entière ? L’idée de Voies navigable de France (VNF) est de relancer le transport en péniche : matériaux de chantier, marchandises, colis… Réveiller le canal endormi, c’est avant tout participer à la lutte contre la pollution atmosphérique, estime le gestionnaire du canal.
Le canal relie naturellement la zone logistique de Lalande-Fondeyre et le centre-ville, en évitant les bouchons. Un bateau de 120 tonnes, c’est six semi-remorques ou vingt-cinq camionnettes, en moins sur le périphérique ou dans les rues de Toulouse. Naviguer sur le canal, c’est aussi toute une organisation à mettre en place : quais de déchargement, stockage des marchandises, coordination.
« Pas d’impératif de rapidité, mais une ponctualité assurée sur le canal du Midi »
Mais c’est possible, a prouvé VNF hier, avec la collaboration de trois entreprises toulousaines et le financement du Plan d’aide au report modal (Etat). Un bateau à fond plat de l’entreprise Eseac, d’une capacité d’une tonne, a « joué » la péniche au départ de Lalande, sur le canal latéral, au nord de Toulouse. Des livreurs à vélo ont apporté leurs caisses à transporter. Destination : le port Saint-Sauveur, en plein centre de Toulouse. Résultat : en moins de deux heures, la marchandise était livrée, après le passage de trois écluses et une navigation à 8 km/h, vitesse maximum autorisée. Et d’autres livreurs à vélo cargo ont pu récupérer la marchandise pour la livrer en centre-ville.
« Pour notre entreprise les Alchimistes, qui récupère des déchets alimentaires partout en ville pour les valoriser, ce type de transport est intéressant. On récupère deux tonnes par jour dans des supermarchés, des cantines, des restaurants et on les transforme en compost dans nos locaux, situés à Fondeyre. On a une soixantaine de clients, mais fin 2023, ce sera obligatoire pour tous les commerces, restaurants, cantines. On fait quatre tournées en une matinée parfois et on va monter en puissance. On pourrait faire tout ça en camion mais sur le canal, c’est l’avenir » explique Paul Chevallier. Salarié des Alchimistes depuis 1 an, il a depuis été rejoint par trois autres personnes, preuve du dynamisme du secteur.
Des « locomotives » comme Tisséo ou SNCF sont espérées pour relancer le fret fluvial
Pour Gaëtan Corbé, de l’entreprise Greenburo « l’axe Lalande-Toulouse-centre est très intéressant. Nous collectons des déchets de bureau, papier, cartons, mais aussi ampoules, cartouches d’encre, meubles, partout en ville. Les transporter par péniche a du sens. Nous n’avons pas d’impératif de vitesse et la ponctualité est garantie. » Pour les deux entreprises, comme pour Applicolis, entreprise forte de 25 livreurs basée à Compans-Caffarelli, la fréquence des bateaux, le stockage des produits sur les quais et la qualité des infrastructures sera déterminante.
« Pour rendre le système viable sur le long terme, il va maintenant falloir que des dizaines d’autres entreprises manifestent leur intérêt et il faut des locomotives », ne cache pas Ghislain Frambourt. Le directeur adjoint de VNF Sud-Ouest espère que de grands donneurs d’ordre, comme Tisséo dans le cadre du chantier de construction de la 3e ligne de métro, feront appel au transport fluvial. A court et moyen terme, le chantier de la LGV entre Toulouse et Bordeaux doit également tomber dans l’escarcelle du fluvial. « C’est le bon moment, nous y croyons. L’urgence climatique est là, la Zone à faibles émissions se met en place pour réduire les émissions de polluants en ville ».