Zones de baignade en Seine : la CPP et E2F dénoncent un projet qui perturbe gravement l’équilibre des usages fluviaux à Paris
La Communauté Portuaire de Paris (CPP) et E2F (Entreprises Fluviales de France) expriment leur vive inquiétude face aux décisions prises par la Ville de Paris concernant l’implantation de zones de baignade sur la Seine et annoncées aux professionnels ce mercredi 26 Mars. Les répercussions sur les secteurs du transport fluvial de marchandises et du tourisme fluvial risquent d’être dramatiques, notamment en raison de la fermeture à la navigation du site du Bras-Marie de 8h à 18h tous les jours pendant les mois de juillet et août 2025.
Les trois sites de baignade prévus — Bercy, Bras de Grenelle et Bras Marie — empiètent sur des espaces de navigation actuellement utilisés par les entreprises de transport fluvial et les croisières touristiques. Si les sites de Bercy et Bras de Grenelle pourraient éventuellement permettre un partage des usages, la fermeture du Bras-Marie pendant deux mois rend impossible la coexistence des usages récréatifs et économiques.
Didier Leandri, président d’E2F, souligne : « La fermeture du Bras-Marie pendant l’été est une mesure incohérente avec les enjeux d’approvisionnement de Paris. La ville risque de voir un report massif du trafic fluvial sur des voies déjà saturées, ce qui paralysait le transport de marchandises cruciales telles que les matériaux de construction, les céréales, ou encore les déchets. Ce choix met en péril l’activité économique de toute une filière. »
Les entreprises de navigation rappellent qu’en 2023, le transport fluvial a permis d’éviter l’émission de 90 000 tonnes de CO2, de réduire de 400 000 camions sur les routes, et d’éviter 25 000 km de bouchons. Ces bénéfices environnementaux et logistiques sont essentiels pour la capitale et sa région. Cependant, la mise en œuvre de ce projet risque de compromettre ces avantages, tout en imposant un recours au transport routier plus polluant et coûteux.
Olivier Jamey, président de la CPP, réagit en évoquant les conséquences pour le secteur touristique : « Le secteur du tourisme fluvial est l’un des piliers économiques de Paris. Avec près de 9 millions de passagers transportés chaque année, il génère un chiffre d’affaires de 350 millions d’euros. La fermeture de certaines voies de navigation pendant la haute saison entraînerait des pertes financières colossales, tout en mettant en péril des milliers d’emplois directs et indirects. »
La Ville de Paris, qui prône une conciliation des usages du fleuve, semble avoir mis de côté l’équilibre entre loisirs et activités économiques. Ce projet soulève des inquiétudes quant à un manque de vision à long terme pour la capitale, et surtout, à une absence de concertation avec les acteurs concernés. Les entreprises fluviales déplorent l’absence de dialogue avec la Mairie avant l’annonce de ces décisions et appellent à une révision immédiate du projet.
La CPP et E2F rappellent que la navigation fluviale à Paris est essentielle non seulement pour le transport de marchandises, mais aussi pour la préservation de l’attractivité touristique et l’engagement en faveur de la transition énergétique. En 2024, près de 40 millions d’euros ont été investis pour convertir 20% de la flotte à l’électrique, soulignant ainsi l’engagement du secteur pour un avenir durable.
Didier Leandri et Olivier Jamey concluent : « Cette situation inacceptable aurait pu être évitée si les professionnels avaient été consultés en amont. Le site du Bras-Marie aurait certainement été écarté si une concertation avait eu lieu. Nous appelons à un arbitrage de l’État pour préserver l’équilibre entre les différents usages du fleuve et garantir la pérennité de nos activités. »