Un tronçon du canal de Bourgogne menacé de fermeture

Pour rationaliser ses investissements, le gestionnaire d’infrastructures n’exclut pas de fermer à la navigation un tronçon de près de 40 kilomètres, entre Pouilly-en-Auxois et Venarey-les-Laumes. Pour le maintenir, les collectivités devront mettre la main au porte-monnaie.

Le canal de Bourgogne est menacé d’amputation, du moins partielle. Les services du gestionnaire d’infrastructures fluviales n’excluent en effet plus de fermer les 37 kilomètres de tronçon entre Pouilly-en-Auxois et Venarey-les-Laumes, deux communes de Côte-d’Or. En cause : le coût de l’entretien de cette portion, de moins en moins fréquentée. En 2022, 88 passages de bateaux y ont été dénombrés, contre 200 auparavant, alors que pour l’opérateur, une modernisation du secteur coûterait au bas mot quelque 50 millions d’euros.

C’est pourquoi le gestionnaire d’infrastructures a pris la décision de rétrograder cette partie du canal au troisième et dernier échelon de son classement, établi pour mesurer la qualité de service dans le cadre du contrat d’objectifs et de performance (COP) passé avec l’État. Pour l’heure, l’établissement assure qu’aucune décision n’a été prise et que ses services étudient toutes les alternatives possibles. Notamment le scenario d’une navigation « à la carte », avec des horaires définis à l’avance.

Appel aux collectivités

Pour éviter la fermeture pure et simple, les collectivités devront mettre la main au portefeuille. Les responsables locaux de VNF doivent en effet rencontrer les élus locaux afin, selon eux, de trouver une solution pour « mutualiser les investissements ». L’infrastructure, qui ne compte pas moins d’une quarantaine d’écluses, coûte cher, d’autant que les investissements en matière d’automatisation des équipements devront aussi s’accompagner de travaux de dragage, de consolidation des berges et du maintien de la gestion hydraulique de l’ensemble.

Plusieurs voix se sont élevées contre un scenario « extrême » de fermeture du tronçon. Dans la presse locale, certains dénoncent « une gabegie financière », d’importants travaux ayant été réalisés depuis trois ans dans le secteur de Pouilly-Venarey. Ils pointent également les risques que ferait peser une telle décision sur le tourisme, la pêche de loisir, mais aussi sur les écosystèmes. Un arrêt de la navigation favorisera, selon eux, l’envasement du site et la prolifération des plantes invasives.

« Cette annonce, si elle se confirme, est inacceptable. Elle signerait la négation de l’existence même du canal entre Venarey-Les Laumes et Pouilly-en-Auxois. Les communes qui bordent le canal, les commerces et toutes les activités qui sont liés à ce canal seraient touchées ; que ce soit dans le domaine des loisirs, de l’hébergement, de la restauration… Le tourisme plus largement serait affecté par cette décision. Je pense par exemple aux villages de Pouillenay, de Marigny-le-Cahouët ou encore de Clamerey. Cette fermeture leur serait vraiment préjudiciable. » indique Patrick Molinoz, maire de Venarey et président du Pays Auxois-Morvan.

Pour un usager plaisancier du secteur : « Ce serait un gaspillage monstre. Ça fait partie intégrante du patrimoine de la Bourgogne. Même si cette partie est peu utilisée, c’est un patrimoine vivant et la fermer, c’est la tuer. »

Aussi, E2F a appelé la Région Bourgogne à s’engager rapidement afin d’éviter la fermeture de ce tronçon.

La Fédération a rappelé que la Région Bourgogne Franche Comté est une Région emblématique au regard de la richesse que revêt son réseau de voies navigables : canal de Bourgogne, canal du Nivernais, la rivière Yonne, la Seille navigable, canal du Centre, canal de Roanne à Digoin, canal latéral à la Loire, canal de Briare, soit plus de 1 000 km de voies navigables. Cette richesse, héritage de l’histoire fluviale, il convient de la préserver.

E2F a indiqué également que le Contrat d’Objectifs et de Performance entre l’État et VNF intègre une phase importante d’échange avec les collectivités et les acteurs économiques locaux pour construire de façon concertée des projets de territoires complets, intégrant la voie d’eau et conciliant l’intérêt général avec les attentes de chacun.

Les arbitrages imminents s’agissant de deux itinéraires porteurs en termes de retombées économiques pour le Territoire : le Canal du Rhône au Rhin branche sud de Mulhouse à Montbéliard et le Canal de Bourgogne de Venarey-les-Laumes à Pouilly, doivent fortement mobiliser la Région.

La perspective d’un enfoncement garanti sur ces liaisons qui pourrait être réduit dans des proportions telles qu’il empêcherait la navigation au sein de la Région aussi bien au départ ou à l’arrivée, ainsi qu’en transit, est inenvisageable tant pour notre secteur économique, que pour l’avenir de la Région.

E2F demande à la Région Bourgogne Franche Comté d’appuyer de tout son poids pour parvenir à un arbitrage positif dans ce dossier et maintenir la navigation sur ces secteurs.

La décision de VNF sera rendue l’année prochaine après consultation des élus et des usagers.