CCNR – La réduction des émissions de la navigation intérieure européenne a désormais sa « feuille de route »

La Commission centrale pour la navigation du Rhin (CCNR) a adopté une feuille de route pour le transport rhénan concernant la réduction des émissions de la navigation intérieure européenne, avec le souhait de pouvoir inspirer les autres grandes voies navigables intérieures du continent.

Le franchissement de cette étape marque l’atteinte d’un consensus entre les cinq États membres de l’organisation internationale sur une déclinaison opérationnelle de leur Déclaration de Mannheim de 2018 ayant fixé les caps : la diminution de 35 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) et des autres polluants d’ici à 2035 par rapport à 2015 puis parvenir à leur élimination complète en 2050, « autant que possible ».

La feuille de route liste 11 « technologies » combinant des vecteurs et convertisseurs énergétiques différents :  trois recourant au diesel, le GNL et bio-GNL, les biocarburants, la propulsion électrique à batteries, l’hydrogène et le méthanol. Ces deux derniers en version pile à combustible ou pour moteurs à combustion interne.

Elle indique leur potentiel respectif de réduction des émissions, sous certaines hypothèses.  Elle se garde toutefois bien d’en privilégier une par principe compte tenu de l’absence de certitude sur la pertinence d’une par rapport aux autres à l’horizon de quinze ou trente ans. « Il n’y a aucune solution unique, chacune a sa part d’incertitude, sur son évolution technologique, son prix ou la disponibilité des ressources nécessaires. La feuille de route adopte une posture d’ouverture à toute solution« , souligne Benjamin Boyer, administrateur au sein du secrétariat de la CCNR pour les technologies. « Mais il y a urgence à progresser pour ne pas être en retard par rapport aux autres modes« , ajoute-t-il. En somme, passer à un stade plus « grande série » que les projets-pilotes, qui restent primordiaux au demeurant.

Deux « voies de transition »

Dès lors, la feuille de route propose deux « voies de transition » : l’une conservatrice basée sur l’arrivée à maturité de certaines technologies dans un relatif court terme, l’autre innovante avec des technologies en développement mais prometteuses.

La première présage en 2050 l’usage des biocarburants comme substitut majoritaire au diesel, assez nettement devant les batteries puis l’hydrogène et le méthanol.

La seconde place la propulsion électrique à batterie en première position. Ce schéma global est modulé par une analyse par type de bateau (pousseurs, automoteurs, bateaux à cabines…) qui en souligne les spécificités, par exemple la place plus importante que pourrait prendre le bio-GNL pour les automoteurs de plus de 110 mètres dans le scénario conservateur. Cet adjectif ne saurait d’ailleurs méprendre : « conservateur » signifierait déjà un vrai bond, puisqu’il baisserait d’ici à 2050 de 91 % les GES et de 90 à 96 % les polluants atmosphériques.

Qu’il soit plus ou moins audacieux, chaque scénario aura un coût considérable, de plusieurs milliards d’euros. Une somme « que la profession seule ne peut que prendre en charge en partie  » , souligne Laure Roux, administratrice pour les affaires économiques au sein du secrétariat de la CCNR. À ce titre, la feuille de route rejoint l’étude de mi-2021 de la commission sur le financement de la transition écologique de la navigation intérieure, pour appeler à la subvention par les pouvoirs publics de l’effort à accomplir, voire à la constitution d’un « instrument financier » spécifique.

La feuille de route va donc emmener la navigation intérieure pendant trente ans, moyennant des étapes intermédiaires, dont un rapport en 2025 sur l’avancement de sa mise en œuvre et son éventuelle révision d’ici à 2030, à la lumière des progrès technologiques et changements économiques.

Télécharger les documents :

Feuille de route de la CCNR pour la réduction des émissions de la navigation intérieure

Ce qu’il faut retenir de la feuille de route de la CCNR pour la réduction des émissions de la navigation intérieur