Les chiffres du transport fluvial de marchandises en 2020

Les chiffres 2020 du transport fluvial de marchandises consolidés par Voies navigables de France (VNF) viennent démontrer toute la résilience de ce mode, dans un contexte de crise sanitaire qui a fortement impacté l’économie. Après une année 2019 en très forte croissance (+10% avec 7,4 milliards de t-km), le transport fluvial a enregistré en 2020 une baisse de -10,6% en volumes (50,4 millions de tonnes transportées) et de -11,5% en tonnes kilomètres (6,5 milliards de t-km). Le niveau d’activité se rapproche ainsi de celui enregistré en 2018 (près de 6,7 milliards de t-km).

Avec 50,4 millions de tonnes transportés en 2020, le transport fluvial prouve sa résilience dans un contexte économique fragilisé par la crise sanitaire

En faisant abstraction des mois impactés par le premier confinement (mars, avril et mai), qui ont connu des diminutions de trafic de 30% en moyenne (en t-km), la baisse n’est plus que de 4,7% en t-km.

Le premier confinement a fortement impacté la filière des matériaux de construction et la filière métallurgique, du fait de l’arrêt des chantiers. A l’inverse, pendant cette période, la filière agricole a continué à fonctionner pleinement ce qui a permis de constater une augmentation importante de ses trafics sur le premier semestre (+12,6% en t-km sur la période), due aux excellentes récoltes de 2019.

Avec la reprise d’activité connue lors de la période estivale, le transport fluvial de marchandises enregistre même une progression moyenne de +1,2% par rapport à la même période l’année précédente, porté notamment par la reprise des chantiers et donc des trafics de la filière des matériaux de construction.

« Grâce à l’engagement sans faille des 4000 agents de VNF et aux capacités d’adaptation des transporteurs qui ont su réagir efficacement face à la crise sanitaire, le mode fluvial a fait preuve de résilience durant cette année hors norme. Le fluvial continue de démontrer toute sa pertinence pour acheminer de grandes quantités de matières premières, que ce soit en termes de fiabilité, ou encore de réduction des émissions de CO² », précise Thierry Guimbaud, Directeur Général de Voies navigables de France.

Un trafic intérieur qui se maintient alors que les échanges internationaux ont fortement diminué du fait du contexte économique

Pour ce qui est des échanges internationaux, les exportations ont connu une baisse de-18% en t-km (1,26 milliard de t-km) et -17,4% en volume (13 millions de tonnes transportées), tout comme les importations, qui diminuent de -16,9% en t-km (988 millions de t-km) et de -8,8% en volume (9,2 millions de tonnes transportées).

Le trafic fluvial intérieur de marchandises enregistre pour sa part une baisse moins conséquente de -7,9% en t-km (4,3 milliards de t-km) et de -7,6% en volume (28,2 millions de tonnes transportées).

La tendance par grands bassins est quant à elle contrastée : les Hauts de France ont enregistré une hausse, alors que la pandémie a engendré une baisse générale des trafics du fait du contexte économique. Les bassins connectés aux grands ports maritimes (Seine-Oise, Rhône-Saône notamment) ont été plus impactés du fait notamment de la baisse des échanges internationaux.

Le trafic dans le nord de la France enregistre ainsi une croissance de +4,7% en t-km (environ 855 millions de t-km). Depuis 2018, la croissance est même de +7,6% en t-km. Ces bons résultats s’observent du fait de l’activité en croissance des filières agricole (+19,7% en t-km) et énergétique (+3,9% en t-km). Le port de Dunkerque a enregistré en 2020 un trafic fluvial record de 3,3 millions de tonnes de céréales (+63%en volume) et a bénéficié d’un accroissement des importations de produits pétroliers. Le transport de conteneurs, via l’ouverture d’une nouvelle ligne Béthune-Sante, sur ce secteur participe de cette progression du Nord Pas-de-Calais avec 154,2 milliers EVP soit +42,8% par rapport à 2019.

Sur le bassin de la Seine, on observe un niveau de trafic équivalent à celui de 2018, soit une diminution de -10% en volumes par rapport à 2019 (21,4 millions de tonnes transportées) et de -9,2% en t-km (3,5 milliards de t-km). L’activité est malgré tout supérieure de 2,8% par rapport à 2017, confirmant la dynamique du bassin. En 2020, le transport de céréales a été stable au terme de l’année 2020 (1,2 milliard de t-km; 4,12 millions de tonnes transportées). Le niveau du trafic pour les matériaux de construction sur les deux derniers mois de 2020(+12,3%) laisse, quant à lui, entrevoir des perspectives intéressantes pour cette filière en 2021.

De son côté, l’axe rhénan français enregistre une baisse de trafic de -17,4% en t-km (964 millions de t-km) et de -11,9% en volumes (11 millions de tonnes transportées). Celui-ci a notamment subi les effets de la mauvaise récolte céréalière de 2020 et la baisse de la filière métallurgique, liée à la réduction des importations de minerais et de produits métallurgiques vers Mulhouse. En parallèle, la filière énergétique a connu une croissance en volume (+6,5%des tonnages transportés), du fait de l’accroissement des importations de produits pétroliers à destination de Strasbourg.

Le bassin mosellan achève l’exercice 2020 sur une baisse de son trafic de -6,5% en t-km (410 millions de t-km) et de -13,3% en volume (5,7 millions de tonnes transportées) par rapport à 2019. Ces résultats restent néanmoins supérieurs à ceux de 2018. On notera en particulier la hausse importante des matériaux de construction liée à l’augmentation des flux de ciments et de sable sur le bassin. La filière agricole, de son côté, recule du fait de la baisse des exportations vers l’Allemagne et les Pays-Bas.

Enfin, le bassin Rhône-Saône enregistre la plus forte baisse, de -22% en t-km (960,5 millions de t-km) et de -19,3% en volumes (4,4 millions de tonnes transportées). La fermeture de l’écluse de Sablons de la mi-février à la fin mars a fortement impacté les transports sur cet axe. Le transport de marchandise a ainsi régressé de -82,6% sur le mois de mars seul, par rapport à mars 2019.

Les secteurs utilisateurs du fluvial impactés à différents niveaux et à différents moments par la crise

Après avoir connu une croissance à deux chiffres en 2019, la filière céréalière enregistre en 2020 une baisse contenue de ses trafics, à -3,2% en t-km (2,2 milliards de t-km) et -8% en volume (13,2 millions de tonnes transportées), se maintient ainsi à un niveau supérieur à 2018. Cette filière, qui affichait une croissance de +12,6% en t-km au 1ersemestre, a été touchée par la mauvaise récolte céréalière au 2nd semestre (-17,9% en t-km sur cette période). A novembre 2020, l’Agreste estimait la production annuelle de blé tendre à 29,1 millions de tonnes, soit une diminution de 26,4% par rapport à 2019.

Depuis plusieurs années le principal utilisateur du mode fluvial, la filière des matériaux de construction connait pour sa part une baisse de trafic de -10,8% en t-km (2,3 milliards de t-km) et de -11,8% en volume (22,5 millions de tonnes transportées) et retrouve son niveau de 2018. La reprise constatée au deuxième semestre (+6,5% en t-km) ne permet pas de compenser l’effet négatif du premier confinement et de l’arrêt total des chantiers (-46,5%en t-km sur cette période). Après un important rebond (+63,7% cet été), la production de granulats ralentit en octobre/novembre d’après l’UNICEM pour atteindre -7,5% à 11 mois.

De son côté, l’activité de transport de conteneurs affiche une quasi-stabilité en 2020 par rapport à 2019 (-0,7% en EVP à 564100 EVP). Plusieurs régions enregistrent des résultats très encourageants :

  • la région des Hauts de France, qui connait une progression très importante grâce à la nouvelle ligne entre les ports de Béthune et de Santes (+42,8% en EVP, à 154200 EVP et +35,7% en tonnes transportées sur ce bassin) ;
  • le bassin rhénan qui croit de +3,3% en EVP (à 108800 EVP), porté par l’activité du port de Strasbourg (+4,7% en EVP) ;
  • la Moselle, dont le trafic augmente de +8,4% en EVP.

Enfin, les autres filières utilisatrices du fluvial voient elles aussi leurs flux orientés à la baisse en 2020du fait de la crise sanitaire :

  • la filière énergie voit son trafic baisser de -17,4% en t-km (565,8 millions de t-km) et de -9,4% en volume (4,4 millions de tonnes transportées) ;
  • la filière métallurgie chute de -23,9% en t-km (482,2 millions de t-km) de -17,3% en volume (3,4 millions de tonnes transportées) ;
  • la filière chimie-engrais baisse pour sa part de -15% en t-km (470 millions de t-km) et de -11,5 en volume (3,3 millions de tonnes transportées).