Neutralisation des surcoûts de manutention : un coup d’accélérateur pour la compétitivité du mode fluvial
En visite au port fluvial d’Arles le 1er mars 2022, le ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari a annoncé la fin, au 1er avril, des surcoûts de manutention pour le transport fluvial dans les terminaux portuaires du Havre et de Fos-Marseille pour l’ensemble des flux conteneurs acheminés par CMA CGM. Demandées depuis des années par les représentants de la Profession, cette mesure vient donner un coup d’accélérateur à la compétitivité du mode fluvial.
Le secteur Transports représente en France le 1er secteur émetteur de gaz à effet de serre (31% des émissions) et le 2e secteur de consommation d’énergie (environ 30% de la consommation énergétique). Alors que la France est un important pays de transit et qu’elle dispose des réseaux ferrés et fluviaux les plus longs d’Europe, la part modale des transports massifiés reste faible au regard de nos voisins européens. L’annonce faite par le ministre des Transport va dans le sens d’une amélioration de cette situation.
La manutention des conteneurs entre le navire et le moyen de transport terrestre est une opération technique indispensable au transfert intermodal. Elle est facturée par les terminaux aux compagnies maritimes.
Pour le mode fluvial, la rupture de charge induisant des coûts plus élevés par rapport à la route en raison du matériel spécifique requis, les opérateurs de terminaux facturent un surcoût de manutention aux opérateurs de transport fluvial ce qui impacte directement leur compétitivité dans un contexte très concurrentiel.
Déjà en 2016, sur le port de Dunkerque, les acteurs portuaires ont accepté de mutualiser ces coûts en les intégrant dans les THC : ceci s’est traduit par une répartition uniforme du coût engendré par la manutention fluviale, sur l’ensemble des conteneurs en transit sur le terminal.
Preuve de l’efficacité d’une telle mesure, la part du fluvial du Port de Dunkerque était en moyenne de 2% entre 2010 et 2015. Depuis 2016 et la mutualisation des coûts de manutention, la part fluviale oscille entre 6 et 8%.
La décision de CMA-CGM annoncée aujourd’hui de prendre à sa charge ce surcoût de manutention pour ses activités est un nouveau pas décisif de compétitivité pour le mode fluvial.
« Le report modal des conteneurs ne se décrète pas, il se construit avec et pour les entreprises. L’annonce de CMA-CGM de prendre en charge directement les frais de manutention des marchandises sur barge fluviale revêt un caractère décisif pour le développement fluvial de la filière conteneurs. Afin de donner son plein effet à cette pratique, il conviendra que l’ensemble des armements maritimes qui escalent dans les ports français suivent le mouvement et que la pratique s’ancre sur le long terme. Cette initiative qui voit le jour aujourd’hui sont le résultat d’un travail de co-construction et de conviction patiemment mis en œuvre par les acteurs de la filière, avec le soutien de l’État et de ses opérateurs » précise Didier Leandri, président délégué général d’E2F.
Pour E2F, cette annonce est un premier pas, il faudra aller plus loin, afin de donner son plein effet à cette pratique, il conviendra que l’ensemble des armements maritimes qui escalent dans les ports français suivent le mouvement et que la pratique s’ancre sur le long terme.
Pour maximiser les effets de cette mesure, il conviendra, dans un second temps, de faciliter et fluidifier le passage portuaire des unités fluviales (équipe de dockers non disponibles, place indisponible car navire à quai…).