Matthieu Blanc : « Le Rhône a une marge de progression encore très importante »

Le 24 Mai, la Préfète de Bassin réunissait les acteurs de Rhône-Saône dans le cadre du Conseil Interportuaire pour faire un point sur la situation et envisager les actions à mener, qu’en avez-vous retenu ?

L’enjeu fondamental pour le CCIL est de renforcer la liaison entre le port de Marseille Fos et son hinterland, E2F se range derrière cette priorité. Le président du Conseil de surveillance du Grand Port Maritime de Marseille, Christophe Castaner, a résumé la situation : construire un grand port fluvio-maritime pour que les ports méditerranéens irriguent leur hinterland devrait être une évidence, mais le simple constat de la faiblesse du lien fluvial souligne l’incohérence de la situation.

Tout est dit, le sujet de notre point de vue n’est pas un sujet de gouvernance mais un sujet d’alignement des acteurs publics et privés sur des objectifs et des moyens.

Pourquoi cette érosion du fluvial sur le Bassin et que peut-on faire ?

Sur le conteneur, le transport fluvial doit s’inspirer des recettes mises en œuvre avec succès par le mode ferroviaire, qui a d’ailleurs pris des parts de marché au fleuve ces dernières années. Il faut constater que SNCF Réseau et les opérateurs ont d’abord travaillé sur une politique d’offre en créant des sillons fret en nombre. De nombreuses aides ont été apportées au secteur ferroviaire et il faudrait qu’elles le soient à l’identique auprès du secteur fluvial qui possède un problème de compétitivité relative, sinon ces aides détruisent de la valeur au lieu d’en générer.

Il faut également relever que la prise en charge des surcoûts de manutention dans les terminaux portuaires maritimes (THC) est partielle : seul CMA-CGM a mis en place cette mesure, et de manière partielle, et il faudrait pouvoir l’étendre aux autres armateurs.

Sur le vrac, les causes de la situation sont multifactorielles. Nous sommes dans un bassin fermé ou la capacité totale de la cale n’est pas flexible, ce qui nivèle l’offre vers le bas. Nous sommes confrontés à des mutations des flux : charbon, sels, négativement, bois, engrais, positivement. Nous avons aussi beaucoup d’artisans dont les enjeux financiers personnels sont très importants. Plus loin à Fos, le sujet est clairement lié à la capacité de traitement et aux priorités ou plutôt aux non-priorités accordées aux bateaux fluviaux.

Et vous, opérateurs, que pouvez-vous faire ?

Le modèle de production des navettes conteneurs va évoluer d’ici à la fin de l’année en allant vers un modèle artisanal : les entreprises vont mobiliser des unités plus petites mais avec plus de fréquences, ce qui répondra en partie au diagnostic présenté par Medlink ports.

Dynamiser le trafic fluvial relève d’un ensemble de mesures très techniques, très concrètes et à faible résonance politique. Il faut l’accepter et les étudier collectivement au sein de ce conseil.

Nous attendons qu’elles soient intégrées au Plan de progrès annoncé pour la fin de l’année, dont Cécile Avezard, directrice territoriale VNF, sera la pilote, l’élément structurant étant pour nous principalement le portuaire (Fos & les ports intérieurs).

La compétitivité de la chaine logistique est la clé pour retrouver les niveaux de 2015, date de référence en matière de trafics fluviaux.