Lettre ouverte du secteur fluvial aux nouveaux parlementaires

E2F vient d’appeler l’attention des nouveaux parlementaires élus sur le poids économique et sociétal majeur que revêt le transport fluvial aujourd’hui et plus encore demain et, dans cette perspective, sur les défis qui sont liés à son développement sur notre territoire. Vous en trouverez ci-dessous le contenu.

Entreprises Fluviales de France (E2F) regroupe l’ensemble de l’offre de transport fluvial française au travers de ses deux composantes, celle du transport de fret, celle du tourisme fluvial. Un secteur composé essentiellement de PME/ TPE, pleinement engagées au service de l’économie tout au long de la crise sanitaire pour assurer la continuité de l’acheminement des marchandises. Un secteur qui a aussi payé un lourd tribut dans le tourisme, par une interruption sans précédent de son activité.

Notre Fédération appelle votre attention sur le poids économique et sociétal majeur que revêt le transport fluvial aujourd’hui et plus encore demain et, dans cette perspective, sur les défis qui sont liés à son développement dans votre Circonscription.

La France est le théâtre d’un grand paradoxe dans le domaine du transport fluvial, celui d’un pays qui dispose du réseau de voies navigables le plus étendu d’Europe mais de la part de marché la plus faible.

Les raisons sont aisément compréhensibles, elles résident dans un choix des Pouvoirs Publics sur le long terme de développer le transport routier et le transport ferroviaire de passagers, en désinvestissant massivement sur le réseau de voies navigables – à l’exception du rebond récent lié au Plan de relance et à la signature du Contrat d’Objectif et de performance entre l’État et Voies Navigables de France –  et en favorisant à force de déréglementation incontrôlée effectuée sans harmonisation européenne le transport routier.

La situation actuelle du transport terrestre conduit naturellement à s’interroger sur la poursuite de cette politique : le transport routier représente maintenant plus de 92 % de part de marché, sature nos grands axes routiers et nos villes et ne favorise pas le développement de nos grands ports maritimes.

C’est à une véritable politique de report modal qu’E2F en appelle, non pas par dogme mais aux fins d’enrichir au plan national et surtout territorial l’offre de transport, de retrouver une forme de souveraineté économique et industrielle, de concourir à une diminution des nuisances et de faire renaître nos fleuves, canaux et rivières.

S’agissant du tourisme fluvial, la France occupe une position située en deçà de son potentiel. Il convient de valoriser un patrimoine qui porte l’identité du territoire et permettre la réappropriation de la voie d’eau par les citoyens.

Le tourisme fluvial contribue fortement à l’aménagement et au développement des territoires concernés en raison de ses retombées économiques importantes. Bien que le tourisme fluvial soit encore considéré comme un produit de niche par beaucoup, ses perspectives de développement sont importantes, grâce notamment à l’intérêt que lui portent les clientèles touristiques françaises et internationales.

Le partenariat entre les acteurs publics et privés est seul susceptible de susciter une dynamique de développement local à condition d’engager d’une part une réflexion commune avant d’implanter des équipements et d’autre part de créer une synergie entre le tourisme fluvial et terrestre.

Il s’agit de :

  • Développer le transport fluvial en renforçant sa compétitivité par des infrastructures capacitaires des services performants et la recherche d’une empreinte environnementale toujours moindre,
  • Favoriser le développement des territoires par la valorisation de l’attractivité économique et touristique de la voie d’eau en partenariat avec les collectivités territoriales traversées.

Le choix du transport fluvial, là où il peut être utile, constitue donc un choix rationnel d’avenir pour le Pays.

Nos priorités sont de trois ordres :

  • Revoir la trajectoire financière de Voies Navigables de France, en particulier à l’occasion de la clause de revoyure du Contrat d’Objectifs et de Performances pour régénérer, moderniser, développer le réseau des voies navigables ;
  • Accompagner les entreprises de navigation fluviale dans le contexte de hausse des coûts qu’elles subissent depuis le début de l’année, en particulier le carburant, par une compensation de ces surcoûts sur Budget d’État ;
  • Aider à la relance de l’investissement dans le secteur de la navigation intérieure dans la perspective de la transition écologique et énergétique, après deux ans de crise, par un « Paquet fiscal ».

Les tous prochains projets et propositions de loi sont pour vous l’occasion de remettre au premier plan la France Fluviale et d’en faire une idée neuve.