Mouvements sociaux : le fluvial, une victime collatérale largement oubliée

Depuis le début de l’année, le secteur fluvial doit faire face à des grèves très pénalisantes parce qu’imprévisibles, touchant nos infrastructures fluviales et portuaires, sur fond de revendications syndicales dans le contexte de la réforme des retraites.

Ces mouvements sont sporadiques pour certains, ils ont affecté les écluses du Rhin supérieur gérées par EDF, des mouvements ponctuels des éclusiers de VNF ont désorganisé nos rotations de bateaux sur l’ensemble du réseau, et la navigation sur le Rhône est rendue impossible en raison de l’occupation de certaines écluses.

Les grèves des personnels dockers, des lamaneurs et des officiers de ports…, dans l’ensemble des ports maritimes au départ desquels le fluvial opère, bloquent plus ou moins longuement les trafics.

Blocage complet sur le Rhône

Depuis plus de deux semaines la grève d’une partie des agents de la CNR qui occupent les écluses de Vaugris et Bollène,  a eu pour effet d’interrompre totalement la navigation sur le Rhône. La quasi-totalité de la flotte de bateaux opérant sur place est par conséquent à l’arrêt soit près de 50 bateaux, des bateaux chargés de marchandises qui pour certaines se détériorent.

Le coup d’envoi de la saison des croisières avec hébergement est compromise : 26 bateaux-hôtels dont la seule liberté de mouvement se concentre entre Avignon et Arles, de fait les annulations s’enchainent.

Cette situation met en fragilité en premier lieu nos entreprises, car l’accumulation de marges négatives affecte leur capacité d’investissement et leur pérennité même, étant rappelé que 95 % d’entre elles sont des PME/TPE.

Mais surtout cette situation discrédite la solution fluviale par comparaison à son concurrent routier vis-à-vis des chargeurs. A ce jour, près de 5 industriels ont déclaré la force majeure dans la vallée du Rhône, faute d’approvisionnement.

L’absence de perspective d’une quelconque sortie de crise empêche toute décision des transporteurs et de leurs clients, pris en otage. Il n’y a pas pire situation pour les chaînes logistiques et pour l’image de la voie d’eau.

Le préjudice est d’ores et déjà colossal à l’échelle du secteur : Qui va payer l’addition exorbitante de cette situation ? Qui va assumer les conséquences du report modal inversé ?

E2F en appelle au sens des responsabilités des différents protagonistes de cette crise dont le fluvial est la grande victime collatérale. La continuité du service doit être rétablie et vite, les conséquences financières de ces blocages doivent être compensées et à l’euro près.

Crise des gilets jaunes, crise sanitaire, crise du carburant, le fluvial a toujours été là au service de la Nation dans les pires moments, il est l’un des piliers de la décarbonation des transports. Ne l’oublions pas.

L’oublier c’est injurier les milliers de femmes et d’hommes qui se lèvent chaque matin pour que renaissent nos fleuves et que les Territoires qu’ils traversent s’en portent mieux.