Face au défi énergétique, dix dirigeants d’entreprise appellent à développer le transport fluvial

Dix dirigeants d’entreprise rappellent que le développement du transport fluvial pourrait désengorger les autres réseaux et limiter la pollution. Ils soulignent aussi que de nombreux canaux sont déjà développés en France.

« Les conséquences du dérèglement climatique nous le rappellent chaque jour : il est urgent de trouver des solutions alternatives pour faire évoluer nos modes de production, de distribution, de transport et de consommation vers une plus grande performance écologique et énergétique. La résilience climatique et la maîtrise de nos besoins en énergie constituant les plus grands défis pour notre société, le recours dès que possible à des transports plus verts devient une priorité absolue, notamment pour le secteur industriel, dont les besoins sont immenses.

Le transport des marchandises, connu principalement pour les désagréments qu’il peut engendrer (congestion, pollution, insécurité…), s’inscrit, consciemment ou non, au cœur du quotidien des Français. Réduire les impacts des acheminements est aujourd’hui une préoccupation forte de l’opinion publique, qui exprime de plus en plus le besoin de mettre en place des solutions alliant sobriété et faibles impacts.

Réorienter la France vers de telles solutions est possible ! Le pays possède les plus grands réseaux ferroviaires et fluviaux d’Europe et, dès lors, les meilleures bases pour recourir aux transports massifiés (fluvial et ferroviaire) qui sont plus écologiques et plus performants sur le plan énergétique. Pourtant, il est aussi celui qui a le plus recours à la route.

Dans le contexte actuel, le transport fluvial dispose d’atouts qui doivent le positionner comme une solution de premier plan :

– C’est un mode sobre en énergie : il en requiert quatre fois moins que le transport routier, en moyenne. En outre, il génère des émissions de CO2 cinq fois moins importantes et aucune émission de particules fines d’abrasion.

– Il est sûr et contribue à désengorger les autres réseaux : un seul convoi fluvial peut transporter l’équivalent de 230 camions ou de quatre trains.

– Il relie des pôles économiques stratégiques, de Paris au Havre ou à la Belgique et aux Pays-Bas (avec le futur projet Seine-Nord Europe), de Strasbourg à l’Allemagne… Il pénètre facilement le cœur des villes qui se sont historiquement construites autour des fleuves, rivières ou canaux.

– Il sait s’adapter aux besoins des entreprises et des territoires grâce à ses infrastructures modernes et fiables, et à un large éventail de nouveaux services permettant de fluidifier la navigation, de réduire ses émissions carbone et de développer de nouvelles énergies.

– Il ouvre de nombreuses opportunités car les voies navigables sont très loin d’être saturées : elles peuvent accueillir deux à quatre fois plus de trafic pour un investissement modeste à l’échelle de notre pays.

– Il est résilient : malgré une situation de sécheresse quasi inédite en France l’été passé, 99 % du réseau à grand gabarit a été maintenu dans des conditions de navigation normales.

Le fluvial est une opportunité. Ses bénéfices sont environnementaux et économiques. Nous, dirigeants de grandes entreprises, pensons que face à l’urgence climatique et énergétique, il est essentiel qu’il puisse occuper une place plus importante dans l’organisation économique et logistique de notre pays. Nous sommes convaincus de son extraordinaire potentiel. Partout où nous le pouvons raisonnablement, nous faisons le choix d’intégrer le fluvial dans nos chaînes logistiques et d’associer ainsi de la manière la plus performante tous les modes de transport. Nous incitons largement l’ensemble des acteurs économiques à en faire autant !

Faire le choix du fluvial, c’est aujourd’hui faire le choix de la raison, le choix d’une logistique durable, attractive et résiliente. C’est contribuer à ce que l’économie française relève les défis écologique, climatique et énergétique auxquels elle est confrontée. »

La liste des signataires

1. Thierry Guimbaud, DG de Voies navigables de France 

2. Thierry ­Fournier, DG de Saint-Gobain France 

3. Benoît de Ruffray, PDG du groupe ­Eiffage 

4. Philippe Wahl, PDG du groupe La Poste 

5. Thierry Blandinières, DG du groupe InVivo 

6. Marianne ­Laigneau, présidente du directoire d’Enedis 

7. Pascal Minault, PDG de Bouygues Construction 

8. ­Sébastien ­Petithuguenin, PDG de Paprec 

9. Jean-Pierre Clamadieu, président du groupe Engie 

10. ­Christine Cabau-Woehrel, vice-­présidente exécutive chargée des actifs et des opérations de CMA CGM.